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  • Writer's picturele millionnaire invisible

F.I. (Financièrement Influençable...)

Updated: Sep 19, 2020

Je cherchais un livre de Mr Money Mustache dernièrement à la Grande Bibliothèque. Faute de trouver l'original, je me suis rabattu sur un livre dont la préface avait été écrite par Mr Money Mustache (Peter Adeney), "Your Money or Your Life", de Vicky Robin. Livre intéressant, car autant philosophique que mathématique.

Livres de finance

Même si j'ai passé une bonne partie de ma carrière en finance dans des produits spécialisés et complexes, je ne suis curieusement pas un fan mordu de la finance. D'ailleurs, j'ai souvent travaillé avec des gens très brillants, "street smart" comme on dit, mais qui avaient des parcours ou qui avaient fait des études dans des domaines complètement à l'opposé de la finance. Par exemple, le "Head Trader" de Goldman Sachs avait une maîtrise en littérature française, le "Managing Director" de JPMorgan était un guitariste et le Directeur des fusions acquisitions d'un gros Hedge Fund connu avait fait des études en philosophie. Ils avaient tous quelque chose en commun : ils savaient compter, ils étaient logiques et le milieu de la finance leur était facile, voire naturel. Ce qui était le plus agréable de les cotoyer c'est qu'ils ne parlaient pas de marché boursier quand on allait prendre une bière au pub, contrairement à d'autres qui en parlaient tout le temps à la manière d'Eric Butt.


Je me tiens donc loin des livres d'ingéniérie financière, de formules secrètes (!) et des concepts d'intérêts composés appliqués pour me montrer la voie. Certains livres comme "En as-tu vraiment besoin" font juste trop de sens et ne révèlent rien de magique (très bon livre de McSween, je le recommande en fait...). Par contre, j'adore les livres qui intègrent ce petit côté philosophique à 5 cennes qui nous fait réfléchir sur notre style de vie, le besoin de travailler fort juste pour payer sa grosse cabane à Outremont, et les ratios bonheur/dollar. C'était le cas avec "Your Money or Your Life".


Bon, une bonne partie du livre était similaire à celui de notre comptable sympathique. Mais certains passages m'ont inspiré et je prenais des notes car plein d'idées me venaient en tête pour de prochains blogues (avec un article aux 2-3 semaines pour simplement dire qu'il faut dépenser moins qu'on gagne, disons que j'ai besoin d'inspiration!). Bref, c'est pendant cette séance inspirationnelle que je suis tombé sur les 4 types de F.I. Je connais bien la version simple, soit le F.I. de Financièrement Indépendant. Mais je réalise que ce F.I. ne va pas sans les autres.

Faites attention à ceux qui veulent trop ...

F.I. pour "Financièrement Intelligent" Comme je disais, j'ai travaillé avec des artistes en finance. Des gens financièrement intelligents, même s'ils n'avaient pas de CFA, ce qui est un prérequis aujourd'hui si on veut travailler dans le domaine. Pourtant, j'ai vu des gens brillants avec des CFAs pas capables de comprendre certains concepts simples, ou de les mettre en pratique dans la vie de tous les jours. Des gens qui, en vacances, vont dans les marchés locaux de pays sous-développés pensant faire des bons "deals" avec des vendeurs qui ne savent ni lire ni écrire, pour finalement se faire avoir comme des amateurs.


Pire, des "banquiers" avec des maîtrises en finance qui vous parlent de leurs problèmes financiers au bureau, alors que vous vous dites "mais comment est-ce possible....". Par exemple, mon collègue Mike (c'est son vrai nom). Mike transige des obligations. Il connaît tout de la valeur d'une obligation, du cheapest to deliver à l'Implied Repo Rate. Mais quand il n'a pas sa calculatrice financière BA II Plus de Texas Instrument, Mike ne sait pas compter et prend de mauvaises décisions financières. Un jour, Mike, qui gagne très bien sa vie mais au bord du gouffre, me raconte qu'avec ses deux voitures de luxe, sa nouvelle maison, ses stationnements et ses autres bebelles ... bref, il n'arrive plus. Après discussion, il me dit qu'une des solutions serait peut-être de revendre une de ses voitures. Le lundi suivant, je revois Mike tout sourire qui me dit qu'il a eu une idée de génie. Il a vendu ses deux voitures ... pour en acheter une seule, mais plus grosse, plus luxueuse ... j'ai éclaté de rire. Je riais car je ne pensais pas que quelqu'un avec des problèmes d'argent serait aussi idiot pour faire ça ... Ben oui. Mike l'a fait. Un simple vendeur de char a tout de suite vu qu'il ne savait pas compter, il lui a fait un "package" avec un ou deux mois gratuits pour "closer le deal" et Mike repartait, sans s'en rendre compte, avec plus de dette et pour plus longtemps.


C'est ça l'importance de l'intelligence financière. On a beau avoir des revenus nous permettant un chemin facile vers l'indépendance financière, mais on choisit toujours la route la plus facile ...


Comme l'autre, appellons-le Colin, car c'est aussi son vrai nom. Colin était un expat (travaillait dans un autre pays que son pays d'origine). Il avait un gros salaire mais le dépensait à mesure car il avait plein d'actions de la banque, qui prendraient toujours de la valeur, selon lui. Ses bonis, dont il se vantait sans gêne, étaient aussi payés en actions. Tellement "riche", il avait fait un prêt en devise locale (pour ses taux d'intérêt plus faibles) pour acheter une maison à l'étranger. Mais 2008 arriva, sans avertissement. Colin perdit son travail, ses actions ne valaient plus rien et il a dû rembourser une hypothèque d'une maison dont la valeur tombait en flèche avec une devise locale qui se dépréciait ... je me permets d'en parler car Colin a retrouvé du travail. Il est maintenant plus frugal et ne conduit plus de X5. Mais tout ça pour dire que négliger la loi de la moyenne et tout mettre dans le même panier, pour un banquier, c'est nettement manquer d'intelligence financière. Donc, pour plusieurs, l'indépendance financière peut être éphémère si on n'a pas cette intelligence financière. On peut être sujet à faire des gaffes du type "j'peux pas croire", et ce même si on l'avait facile.

"j'peux pas croire..."

F.I. pour "Financièrement Intègre"

L'intégrité financière c'est l'alignement de nos actions quotidiennes avec notre plan financier. Le "ça passe ou ça casse" de notre bonheur et de notre santé financière. Être financièrement intègre, c'est être conscient de l'impact de nos choix.


Vous adoptez un style de vie "frugal" selon vous, mais vous craquez sans cesse pour une nouvelle Audemars Piguet ou une voiture neuve aux deux ans. Alors certains choix ne respectent peut-être pas cette frugalité financière.


Parlant d'Audemars Piguet, j'ai la même que celle dans ce lien. Par contre, elle est fausse. Achetée dans un petit marché noir, elle est tellement identique à l'originale qu'un vendeur s'est même fait prendre au jeu. Malheureusement vrai, un ami m'a fait remarquer que si quelqu'un en finance achète une fausse montre, tout le monde va penser qu'elle est vraie alors que si, disons, un chauffeur de taxi en achète une vraie, tout le monde pensera que c'est une fausse ... bref, je n'ai jamais acheté de belles montres au final. Au début, l'idée de dépenser autant pour un objet qui donne l'heure -ce qu'une montre à $10 fait très bien- me rebutait. Ensuite, c'est ma façon de consommer, soit le besoin avant le désir, qui a pris le dessus de façon naturelle.


Mais revenons à nos moutons. L'intégrié financière c'est en quelque sorte la frugalité comme philosophie de vie. On accorde au mot "frugal" une certaine connotation négative alors que frugal est dérivé du latin frux, qui signifie "fruit", ou "valeur", et dérivé de son cousin frui, qui veut dire "jouir" ou "apprécier". En fait, à l'origine, être frugal était une qualité qui signifiait "apprécier le fruit ou la valeur de quelque chose". Être frugal, c'est avoir un ratio joie/consommation élevé (ou "bonheur/dépense"). C'est apprécier chaque chose dans ses moindres détails. Par exemple, quelqu'un pourrait se servir un gros verre de jus d'orange le matin alors que chaque verre contient de 2 à 3 oranges. Quelqu'un de frugal pourrait savourer une seule orange juteuse et, même, tirer un certain bonheur à conserver la pelure pour une recette de cuisine. En fait, un mot espagnol décrit bien ce terme, aprovechar. Aprovechar veut dire "prendre avantage de...", "tirer le meilleur parti de...", ou encore "faire bon usage de...". En écrivant ces lignes, je viens de retrouver une vidéo fort intéressante sur les Québécois et l'argent "Nés pour un petit pain", où le formidable Bernard Derome interroge des millionnaires québécois fort intéressants, tels Jean Coutu, Andrew Molson, Stephen Jarislowski, Charles Sirois et Marcel Dutil, sur la valeur et leur relation avec l'argent.


Je trouve bien intéressant le passage à 29:00min quand Charles Sirois explique qu'il divise toujours par $20/heure pour juger si un achat est indécent ou non, c'est à dire combien un employé au salaire moyen devra travailler d'heures pour acheter telle ou telle chose. Travailler 2 ans pour acheter un sac, non merci ! Martin Matte résume aussi très bien le syndrôme du "avoir plus", à 49:30 min. Je ne sais pas si c'est dans cette émission (ça fait longtemps !), mais il y avait aussi cette histoire cocasse du médecin frugal. Il avait une vieille Toyota Tercel qui, selon lui, fonctionnait toujours très bien, donc pourquoi la changer ?! Bref, il racontait qu'à chaque fois que l'hôpital avait un nouveau gardien de sécurité, sa voiture, qui était stationnée dans la section des médecins, se faisait remorquer. Le gardien de sécurité ne pouvait pas croire que cette vieille voiture stationnée entre les Mercedes et les BMWs appartenait à un médecin... comme quoi les apparences !


Mais ma palme revient à Jeff Bezos, l'homme le plus riche au monde avec ses $110 milliards (je suis à 3 ou 5 milliards près ...). Alors qu'il valait plus de $12 milliards en 1997, il a échangé son vieux Ford Blazer 1987 pour une ... Honda Accord 1996. En réponse à "pourquoi ?!?" d'un journaliste, il a tout simplement dit "c'est une très bonne voiture...". Le Times qui lui avait demandé "pourquoi cette frugalité", il avait répondu "la voiture est le symbole qu'il faut dépenser sur les choses qui comptent vraiment...".


Bon, Bezos a changé quelque peu depuis, il a une collection de voitures et un (des ?!) jets privés ... faut croire qu'il s'est habitué à son train de vie hors norme, mais c'est sûrement normal quand on ne peut évaluer sa fortune à plus ou moins $5 milliards près en fonction de l'heure de la journée.


Mais bref, tout ça pour dire qu'être financièrement intègre dans ses choix de consommation est une autre clé du succès sur le chemin de l'indépendance financière.

"LA" définition de frugalité ...

F.I. pour "Financièrement Indépendant" "Le F.I." qu'on cite habituellement dans les livres. Le F.I. dont j'ai fait référence jusqu'ici, sans avoir réfléchi aux autres types de F.I.


Être financièrement indépendant c'est avoir "assez" de liquidité pour combler ses dépenses le reste de sa vie sans devoir travailler ou dépendre de quelqu'un d'autre. C'est un statut assez intéressant à atteindre :-)


Je me rends compte que c'est peut-être aussi le plus facile. Facile, car beaucoup de gens peuvent atteindre l'indépendance financière "par chance". Que ce soit un héritage, gagner à la lotto ou une vente d'entreprise au bon moment, il y a plusieurs façons de faire "un coup" d'argent. Mais le plus difficile, c'est de ne pas faire de folies, de ne pas perdre ses points de repère. Ce type de F.I. peut, contrairement aux autres, disparaître rapidement.

Le Chat Geluck...

F.I. pour "Financièrement Interdépendant" Être financièrement interdépendant, c'est prendre conscience de notre environnement, de notre travail, notre famille et de nos amis. Mais c'est aussi prendre conscience de nos institutions et de notre contribution à la société en général.


Être financièrement interdépendant, c'est prendre conscience qu'on a une bonne situation financière, mais qu'on peut aider celle d'un autre ou faire plaisir à ceux qui nous sont chers. Financièrement interdépendant c'est aussi investir avec une vision plus large qu'avec un simple objectif de rendement, comme faire des investissements à impact sur l'environnement ou la société. Également, c'est de continuer à prioriser l'épargne à la dépense, mais pas au dépend de l'humanité. Finalement, c'est redonner à la société, que ce soit en partageant nos connaissances ou monétairement (en taxes !) pour accroître le bien commun.


Bref, être financièrement interdépendant, c'est prendre conscience de l'impact de nos choix monétaires sur la société.

Les F.I. à éviter !

En conclusion, je viens d'inventer d'autres types de F.I. mais qu'il faut éviter : Financièrement Insécure, Financièrement Ignorant, Financièrement Influençable ...


C'est parfois difficile de garder le cap quand on jouit d'une bonne situation financière. On voit son actif augmenter, on voit une publicité qui nous interpelle ou son voisin et on se dit "pourquoi pas". Je dois avouer que, parfois, j'ai le goût de me laisser influencer et de me payer l'gros luxe. Cette scène des intouchables (ou la scène d'ouverture) me donne souvent le goût de faire une folie. Mais ou bien mon intelligence financière reprend le dessus, ou bien j'entends la voix de Charles Sirois raisonner dans dans ma tête "à $20 de l'heure", 40 heures semaine, quelqu'un doit travailler 4 ans à temps plein juste pour acheter une Maserati Gransturismo ... indécent !


Parfois, je me dis qu'avant de prendre ma retraite (la vraie), je vais travailler un an de plus et dépenser toutes mes payes et mon boni, au complet, juste pour voir ce que ça fait de dépenser sans compter. Imaginez : un trimestre pour se faire une belle cave à vin, quelques vieilles bouteilles de scotch, de porto, etc. Un autre trimestre, direction Sarto Rialto. Un autre trimestre pour une montre trophée (bon, on oublie la Patek Philippe à $140,000 quand même...). Je vous laisse le 4e trimestre pour votre imagination (j'en manque...). Imaginez le "spending money like there was no tomorrow" ! Quel projet ... mais tout d'un coup que j'y prends goût ?!


Non, à vrai dire, lire à l'occasion des livres "philosophiques" sur l'argent, sur l'accumulation de biens ou de style de vie frugal me fait du bien. Ça me permet de mettre les choses en perspective, de retrouver le plaisir de la frugalité et de continuer à être invisible et anonyme !



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