Voter avec ses pieds

L'expression "voter avec ses pieds" proviendrait d'une pratique du Sénat Romain ou certains sénateurs, soit par manque de temps ou parce qu'ils maîtrisaient mal l'art de la parole, allaient "marcher" derrière un orateur qui avait exprimé le même point de vue qu'eux pour souligner leur accord. De nos jours, voter avec ses pieds est une façon d'exprimer son mécontentement en quittant tout simplement le pays. Les millionnaires invisibles ont la capacité à choisir le régime politique dans lequel ils souhaitent vivre. Avec les promesses absurdes qu'on entend ces jours-ci et les hausses d'impôts qui suivront, voter avec ses pieds devient plus que jamais une possibilité.

Élections Surprises

En plein milieu d'une pandémie, déclencher des élections est d'une absurdité totale que même le premier ministre sortant ne peut justifier. On a qu'à voir les promesses improvisées des partis pour comprendre que tous ont été pris de court.

J'ai le goût d'être encore plus critique envers les Libéraux puisqu'ils ont déclenché les élections les plus dispendieuses et inutiles de l'histoire. $612 millions... c'est $100 millions de plus que la dernière élection. On dirait que je dois l'écrire deux fois pour bien comprendre l'immensité de cet éléphant blanc. $612 millions ! Imaginez ce qu'on aurait pu faire avec $612 millions. Comme par exemple, avoir remplacé chacun des partis politiques par un groupe d'infirmier(e)s parcourant le Canada en bus pour vacciner le pays au grand complet d'ici le 20 septembre...

Voici le dernier lien des plateformes de chaque parti. En discuter ici serait trop long. En gros, que des promesses pour acheter des votes à gros coups de $$$. Voici celles qui m'ont fait le plus bondir sur ma chaise :

Le Parti Libéral se promet d'adopter d'autres mesures d'urgence (eh! Misère...). C'est reparti avec d'autres programmes comme la PCU qui aura coûté plus de $75 milliards pour "venir en aide" à tous les Canadiens et Canadiennes, incluant les fraudeurs. Quand on donne plus d'argent aux gens à ne rien faire qu'à travailler, il n'est pas étonnant qu'on soit en pénurie de main-d'œuvre. Le NPD veut augmenter le taux d'imposition marginal à 37% "pour relancer l'économie". Je ne sais pas si quelqu'un leur a dit, mais il y a aussi un impôt provincial, ce qui porterait l'impôt marginal à près de 64% au Québec ! Hors, si vous avez des revenus de placements et un bon salaire, il est possible que votre boni de fin d'année soit imposé au taux marginal. Imaginez maintenant si ce dernier est de 64%. Pour vous récompenser d'avoir fait un bon travail et atteint vos objectifs, le gouvernement touchera $64 par $100 de boni, il ne vous en restera que $36. Ce n'est plus de la taxation au-dessus de 50%, c'est de la confiscation ! Malgré que seul le Parti Conservateur mentionne l'élimination du déficit (en deux ans) et la cessation des mesures d'urgences, leur exemption de TPS en décembre est quand même assez loufoque. Vraiment, comme mesure populiste on ne peut trouver mieux. Il n'est pas encore élu et ce n'est même pas adopté que je suis déjà écœuré d'entendre les pubs de Bricks qui se préparent déjà à exploiter cette mesure inutile... on veut encourager encore plus la consommation en éliminant la TPS qui, pourtant, est probablement un des seuls impôts que tout le monde paye (au Canada, le tiers des gens ne payent pas d'impôts sur le revenu). Est-ce moi ou je suis le seul à être tanné d'entendre M. Singh accuser les riches de ne pas payer leur juste part ? Relancer l'économie: taxons les plus riches. Le financement d'achat de propriétés : les plus riches. Des soins dentaires gratuits : on demande encore aux riches. Pourtant, quand je paye mes impôts provisionnels à chaque 3 mois et quand le fisc fait plus d'argent que moi sur mon boni, je trouve que je la paye ben en masse, ma part. Plus que ça et ça serait plus simple de déposer ma paye directement à l'ARC et le MRQ.

Et que dire de l'excuse de M. Trudeau pour justifier le montant de ses promesses que même Québec Solidaire n'aurait osé faire. "C'est avoir de l'ambition" qu'il dit le plus sérieusement du monde alors qu'on se dirige vers un déficit record de $352 milliards pour 2020-2021 (note: c'est plus de SIX FOIS le plus gros déficit de l'histoire ($55 milliards) fait pendant la crise de crédit.). De l'ambition... Imaginez dire ça dans une conversation : - Rolland: "Monia, as-tu vu le nouveau bateau du voisin ?! Ouin, ça marche ses affaires ! Dire qu'il vient juste de perdre son travail pis son plus vieux est revenu vivre à maison. Fortin et Associés lui ont dit de vendre son char sport pis j'pense qu'yé en retard sur ses cartes de crédit..." - Monia : "Ouin, j'te l'ai déjà dit mon Rolland, notre voisin Gaston, y'é full ambitieux."

Partir On se pose beaucoup la question ces jours-ci. On a déjà vécu 12 ans à l'étranger, dont 4 ans à Hong Kong où seuls les revenus d'emplois étaient taxés à un flat rate de15% et où faire un rapport d'impôt -un seul- ne prenait que 15 minutes. Détrompez-vous. Nous avons quitté HK en toute connaissance de cause. Ne payer presqu'aucun impôt alors que d'autres vivent dans des cages nous a aussi fait réfléchir sur le sens de la société dans laquelle on vit. Je suis même très fier de contribuer à un système de taxation progressif qui redistribue pour aider les gens "dans le besoin"...

... mais trop, c'est comme pas assez. Quand on paye des taxes pour aider des gens à acheter une voiture ou une maison, quand le gouvernement décide d'être "ambitieux" avec vos économies, alors on se dit qu'il est peut-être temps de songer à quitter pour un système qui est plus près de votre réalité.

Nous avons fait le choix d'épargner pour notre retraite au lieu d'acheter des bébelles pour épater famille et voisins. Ces épargnes génèrent un revenu qui, ajouté à notre salaire, est fortement imposé. Se faire dire de payer sa juste part pour aider des gens qui dépensent sans penser plus loin que le bout de leur nez est la goutte d'eau qui met le feu au poudre, comme dirait Jean Perron. D'ailleurs, n'est ce pas le but du gouvernement de fournir des services publics, et non privés ? Pourquoi devrait-on avoir un programme pour financer l'achat de voitures électriques ? C'est un choix personnel, non ? Pourquoi devrait-on "aider" les gens à acheter une maison en période de surenchère (ou n'importe quand d'ailleurs) ? J'ai acheté mon condo à 40 ans. Il n'y a rien de mal à être locataire. Ce n'est pas au gouvernement à s'ingérer dans nos choix de vie. Pourquoi nos taxes devraient servir à financer ce qui est du domaine privé, simplement parce que certains chialent que telle ou telle chose coûte cher ? Est-ce que le gouvernement va créer un programme d'aide à l'achat du marché boursier si les jeunes se plaignent que les actions techno sont trop chères ? Y aura-t-il un jour un programme pour financer GoodFood parce que les gens ne savent plus cuisiner ?

Fin des années 50, au Canada, le taux marginal de taxation frôlait les 80%. Sans même s'en rendre compte, le fisc venait d'inventer les abris fiscaux. Ou, plutôt, il l'avait fortement incité. Hors, 50 ans plus tard, le fisc est peut-être beaucoup mieux équipé pour suivre la trace de vos placements, mais il ne peut rien contre ceux qui décident de partir... avec leurs placements. Et les millionnaires invisibles, sans attaches et tannés qu'on fouille toujours dans la même poche pour financer des absurdités qui ne servent qu'à acheter des votes, songent sérieusement à voter avec leurs pieds. Grâce à la pandémie, on a eu beaucoup de temps pour faire des recherches. Voici un aperçu de nos idées et trouvailles. Et nous sommes ouverts aux suggestions ! Portugal : Non seulement nous sommes de grands fans de Lisbonne, le programme du Golden Visa pour les étrangers a un taux de taxation très attirant. Un des meilleurs ratios qualité/coût de vie, les voyages et déplacements y sont faciles. Les mauvais côtés sont l'apprentissage de la langue (qui peut quand même devenir une activité intéressante ou un projet de retraite) et l'achat de propriété pour le programme qui est passé à 500k Euro, ce qui, au Portugal, est une méchante cabane qui sera un jour difficile à revendre...

Espagne : On est des gros fans de l'Espagne aussi. Disons que les patatas bravas y sont pour quelque chose... et le vin, et les churros... 😅 Coût de la vie plus bas (ma plus grande dépense ici c'est le vin, alors...), bonne qualité de vie. Les villes historiques ne manquent pas et nous parlons la langue. Assez central pour voyager facilement. Seule ombre au tableau, peut-être un taux de taxation qui n'offre pas beaucoup d'avantages. Italie : La dolce vitae et le royaume des maisons à 1 euro. Pourquoi ne pas passer notre cinquantaine à retaper une maison en pierre acquise pour seulement 1 Euro. Allez, on se lâche lousse et on achète ... deux maisons ! Je parle déjà la langue, ne reste qu'à convaincre madame millionnaire invisible. France : quand je pense que même la France a un taux marginal de taxation moins élevé que celui du Québec, c'est tout dire ! Le sud nous attire. Se retaper une vieille maison dans un petit village entre deux Pastis comme dans le livre "Une Année en Provence" nous paraît un bon projet de retraite ! Certains diront que le seul problème c'est les Français, mais comme on habite déjà le Plateau... Europe en général : plusieurs pays ont piqué notre curiosité pendant nos recherches. La République Tchèque et la Hongrie, avec un flat rate de 15% est en haut de liste, suivi de près par le Monténégro (le flat rate est seulement de 9%, mais nous avons d'autres critères). C'est quand même intéressant de regarder ces pays ne serait-ce que pour préparer nos prochains voyages. Mais un de nos critères pour s'établir demeure la facilité de voyager à partir d'une prochaine ville d'adoption et d'apprendre la langue pour bien s'intégrer, donc ici on perd quelques points... Hong Kong, un retour ? Pourquoi pas... une fois la résidence obtenue, on n'a qu'à rentrer une fois au trois ans à Hong-Kong pour conserver son statut de résident. Également avec un flat rate de 15% sur les revenus d'emplois et des revenus de placements non imposés, disons que ça facilite la gestion fiscale des retraités.

Amérique du sud : il y a plusieurs bonnes bases du point de vue fiscal, ou ne serait-ce que pour le coût de la vie. Un peu loin pour voyager par contre quand vient le temps d'aller en Europe, en Afrique ou en Asie qui sont, pour nous, des destinations intéressantes. Je suis tombé sur un article sur le Paraguay: Impôt de 10%, et seulement sur les revenus locaux. C'est encore mieux que Hong Kong ! Afrique : hum, nous n'avons pas vraiment regardé sur ce continent qui est souvent oublié, même pour des destinations voyages. À première vue, la Tanzanie est sur la liste, ne serait-ce que parce que nous y planifions un safari l'an prochain. Donc après le Kilimanjaro et le Serengeti, petit détour chez ... le comptable.

Et vous, avez-vous des projets à nous suggérer ? Avez-vous fait des découvertes intéressantes pour s'établir dans un autre pays ? Est-ce que vous songez parfois à voter avec vos pieds ?

Bye Bye !

Bref, je crois que les taux d'imposition élevés des années 50 et 60 ont incité les gens à déménager leurs avoirs dans les abris fiscaux. Je crois aussi que le passage du taux marginal au dessus de 50% récemment en fait réfléchir plusieurs. Les multiples propositions par les partis pour encore "plus de dépenses" et "plus de taxes" va finir par en convaincre plusieurs de tout simplement voter avec leurs pieds. Il faut faire attention, car si les 20% des mieux nantis -qui paient près de 80% des impôts- décident de voter avec leurs pieds, le gouvernement, lui, va se tirer dedans...