Dans la quarantaine, j'ai déjà pris ma retraite pour ensuite partir mon entreprise puis revenir sur le marché du travail. Chanceux, j'ai un travail stimulant au sein d'une entreprise qui prend soin de ses employés et redonne à la communauté. Financièrement indépendant depuis un certain temps, je réalise que je suis un travailleur à la retraite.
C'est facile d'arrêter de travailler ... Quelqu'un m'a déjà dit :"C'est très facile d'arrêter de fumer, j'ai moi-même arrêté une bonne dizaine de fois !!! ".
Je peux presque dire la même chose à propos de la retraite. Ça doit faire déjà trois fois que j'arrête de travailler ... pour finalement recommencer de plus belle !
Il y a plusieurs raisons pour arrêter de travailler. Être indépendant financièrement apporte une certaine liberté, mais le travail nous apporte beaucoup plus qu'un simple chèque de paye.
Plus de sécurité financière ? Certains diront que je suis pessimiste, mais, né l'année du rat, je prévois toujours le pire dans mes projections. Pour mon portefeuille, oubliez le 7% à long terme avec une inflation moyenne de 2%. Non. Moi je prévois au mieux 1.5% de rendement annuel, un crash à un certain moment et une inflation galopante ... rien de moins ! L'idée d'être à la retraite et de devoir gérer un budget serré m'effraie toujours un peu. J'aimerais bien être membre de "Home Exchange" pour faire baisser le coût des vacances mais je ne voudrais pas laisser notre condo rénové à la sueur de notre front à n'importe qui. Je sais aussi pertinemment que des séjours dans certaines villes, comme Londres, coûtent passablement chers. Autrement dit, je ne voudrais pas me "priver", ce qui fait drôle à dire alors que je suis frugal de nature ! Quelqu'un me disait récemment qu'il avait mal planifié sa retraite et qu'il devra travailler encore longtemps. Je lui ai répondu que j'avais bien planifié la mienne, mais que moi aussi j'allais travailler longtemps ... Par contre, pour plusieurs personnes au Québec, avec un taux de taxation élevé, retourner sur le marché du travail à un certain âge (i.e. à la retraite) n'est guère rentable si on ne fait pas un gros revenu et il vaudrait mieux occuper son temps autrement.
"Fuck You Money" On travaille aussi par choix. Du "fuck you money", j'en ai. J'ai même eu l'honneur de m'en servir à quelques reprises et c'est quand même assez plaisant quand c'est mérité. Quitter une entrevue après 5 minutes quand on n'aime pas l'attitude de notre futur employeur, "done". Quitter un emploi après 2 mois parce qu'on n'aime pas le manque d'éthique et de professionalisme de son nouvel employeur, "done". Dire à son employeur de nous congédier en premier car des coupures s'annoncent, "done" (curieusement, on m'a gardé malgré des congédiements massifs). Un bon coussin financier nous donne une certaine assurance et paix d'esprit ... Financièrement indépendant, on peut travailler pour augmenter son revenu disponible, mais pas au prix de supporter une ambiance qui nous pourrit la vie.
Se réaliser J'ai toujours eu le besoin de me réaliser. Certains diront qu'on peut très bien se réaliser ailleurs qu'au travail. D'ailleurs, un blogue de Jean-Sébastien, notre jeune retraité "full time", le décrit bien. Mais les défis qui m'attirent le plus présentement sont reliés à un travail ou à une entreprise. Le désir de développer des affaires se fait encore sentir.
Entrepreneur ou intrapreneur, c'est la même chose pour moi. Je me réalise pleinement dans l'un ou l'autre de ces rôles. L'intrapreneur a l'avantage d'avoir un salaire, donc des revenus supplémentaires pour plus tard, alors que l'entrepreneur offre l'avantage d'être maître de son temps (quoi que souvent illusoire !).
La communauté, l'équipe ...
Ce que j'ai eu le plus de difficulté à quitter par le passé a été les collègues. Quand on travaille pour une firme, on fait aussi partie d'une grande famille. On se fait des amis. On vit des épreuves. On développe une complicité ... il y a toujours ce collègue qui fait rire les autres, celui qui se fait toujours rire de lui, etc.
Bref, pour certains, quitter le travail c'est comme quitter une vie. C'est le sentiment qu'ont beaucoup de retraités. Un entrepreneur en construction de 70 ans m'avait dit que travailler le gardait en vie et qu'il ne voulait pas finir au centre d'achat comme ses anciens collègues à prendre "un p'tit café" au Tim Hortons à chaque jour ... peut-être que ses collègues avaient mal planifié leur retraite, mais il a un point.
Si on aime ce qu'on fait ... En gros, ce que je réalise, c'est que si on aime ce qu'on fait et si on a des bonnes conditions, alors on ne travaille pas vraiment. Il y a des gens qui me disent qu'ils n'auront jamais assez d'argent pour prendre leur retraite, et il y en a d'autres qui me disent qu'ils ne voudront jamais arrêter de travailler ... la différence entre ces deux groupes est qu'il y en a un qui aime vraiment ce qu'il fait.
Si vous comptez les jours avant la retraite, peut-être devriez-vous considérer un autre emploi, ou un autre domaine ? Vous ne gagnez pas assez d'argent pour prendre votre retraite ? Vous pourriez peut-être prendre des cours du soir pour développer une expertise et essayer quelque chose de différent ? J'ai fait un retour aux études à 45 ans après avoir mis fin à ma première carrière. Maîtrise en main, je suis fier d'avoir accompli ce défi et je teste maintenant mes nouvelles connaissances, bien motivé !
La "vraie" retraite c'est bien aussi. Mais soyez préparé ! Avant d'arrêter, faites-vous une liste de choses à faire, de projets personnels ... un long "bucket list". La vie c'est fait pour apprendre. Apprendre plein de choses et apprendre sur soi-même. Il faut tester ses limites. Certains réussissent très bien la retraite, mais pour d'autres c'est plus difficile. Soyez certain que c'est ce que vous voulez vraiment. Dire "bye bye boss" c'est bien, mais on peut aussi le faire en changeant d'emploi. Aussi, jouer au golf c'est l'fun, mais ce l'est peut-être moins 5 mois en ligne ...
D'ici là, je me plais bien à être un travailleur à la retraite. Libre de travailler dans une bonne entreprise ou de gérer la mienne, prêt à quitter si la situation change, sans avoir à compter les jours. C'est un peu ça la liberté ...
